dimanche 15 novembre 2009

Aye-Aye : “Vous voulez un vers ? Juste un doigt. Vous ne voulez pas un vers d’abord ?!“




Cette célèbre réplique de La cité de la peur est parfaitement adaptée à cet étrange animal qu’est l’aye-aye. Ce lémurien nocturne d’une taille de 70 centimètres (dont 40 cm de queue) et d’un poids compris entre 3 et 7 kilogrammes, vit uniquement sur l’île de Madagascar. Il se nourrit principalement d’insectes et de vers mais aussi de fruits.









Une technique et un « outil » atypique pour un animal qui ne l’est pas moins :
Pour repérer et attraper les vers et insectes cachés dans les arbres morts, il possède une technique tout à fait unique : à l’aide du majeur de ses pattes avant, il tapote le tronc et les branches. Grâce à ses oreilles hyperdéveloppées, il est capable de localiser les insectes et larves tapies dans l’arbre, simplement en écoutant l’écho du tapotement de son doigt sur l’écorce : si le son est mate, pas d’insecte, à l’inverse, si le son est creux c’est qu’une larve ou un insecte se dissimule dans une cavité. Une fois l’insecte ou la larve repéré, l’aye-aye arrache, à l’aide de ses incisives ressemblant à celles d’un castor, l’écorce et les premières couches de bois, afin d’accéder aux cavités. Il va alors toujours à l’aide de ce même doigt hyperspécialisé (doigt extrêmement bien adapté pour effectuer des tâches bien définies, et fruit d’une longue évolution au fil des générations), harponner littéralement la larve tapie dans son trou, pour enfin l’extraire et l’avaler goulument.


Une espèce menacée :
Le aye-aye, avec ses grandes oreilles, ses grands yeux jaunes globuleux et ses doigts rachitiques, présente une physionomie peu engageante comparée à celle d’un dauphin ou d’un panda, pourtant tout comme eux, le aye-aye fait partie du programme de protection des espèces depuis les années 60. Autrefois abondante sur l’île de Madagascar, sa population a énormément diminué. A cela différentes raisons :
- La destruction de son habitât (lors de la déforestation intensive du dernier siècle)
- L’existence de superstitions locales, qui voient en lui un présage de mort ne pouvant être conjuré qu’en abattant l’animal.
Ce à quoi s’ajoute une reproduction lente pour un Mammifère : la femelle ne mettant au monde qu’un unique petit tous les deux ou trois ans. Tous ces facteurs ont conduit l’espèce au bord de l’extinction. Les scientifiques ont même considérés l’espèce comme éteinte en 1933 et c’est seulement en 1957, que des spécimens furent redécouverts dans une région reculée de l’île. Suite à cette découverte inespérée, le gouvernement Malgache décida d’inscrire l’espèce sur la liste des espèces à protéger et mis en place une campagne de réintroduction de l’espèce dans des réserves naturelles afin de la sauvegarder.

Voici encore une fois un exemple d’animal étrange et méconnu, qui suite à l’action de l’Homme a bien failli disparaître. A la différence des espèces déjà abordées dans ce blog, cette espèce considérée par le public comme “moche“ n’accède pas au capital sympathie, allant normalement avec le statut d’espèce menacée. Ceci explique sans doute, en partie la méconnaissance de cette espèce auprès du grand public, les associations de protection de la nature préférant mettre en avant des espèces, disons plus “esthétiques“…

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